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mon univers littéraire décalé
24 décembre 2013

L'EPISCOPE - Partie 1 - Chap 2 e

-       Putain !! Mais pourquoi rien ne se passe comme d’habitude ce soir !!

Elle tapa sur la console devant l’ensemble de ses généraux qui, fautifs comme des enfants pris en flagrant délit, ne savaient pas où se cacher. La Commandanté Ilina Vasia, Directrice de la Fédération depuis bientôt cinq ans, n’aimait pas apprendre qu’il se passait des choses dans la Royauté qui échappait à son contrôle. Elle reprit :

-       Donc, ce que vous me dites, c’est que vous ne savez pas ce qui s’est passé, ni qui a attaqué, ni combien ils étaient ? J’ai bien compris ?

Elle lança un regard courroucé à la ronde, défiant l’un de ses quatre généraux de lui répondre. Autour de la table de réunion, se trouvaient les trois responsables qui avaient en charge chacun un tiers de la ceinture : Zon, Mayer et Degar. Ils étaient tous blêmes et manifestement gênés de la situation.

Seul Imbrago restait impassible.

Son visage était tellement rajeuni par les implants qu’il n’exprimait plus grand-chose, tel un masque d’une poupée. Mais son regard semblait presque amusé de la scène, ce qui avait le don de mettre la Commandanté hors d’elle, même si elle ne pouvait pas se permettre de lui faire une réflexion étant donné son statut. Il était son prédécesseur et avait occupé son poste pendant presque soixante ans. Elle avait obéi à ses ordres pendant une décennie lorsqu’elle était responsable de la Ceinture sud-est. Son âge véritable était une énigme et ses tekbios de longévité faussaient tous les calculs. Il avait été l’un des pilotes qui avait aidé Usar V à s’échapper lors de l’Expatriation, et avait ensuite managé l’extermination au sol des insurgés.Imbrago était dans son équipe de généraux au titre de consultant, mais il était sous les ordres directs de la Royauté.

 La plupart du temps, elle reconnaissait volontiers l’opportunité de l’avoir à ses côtés. Grâce à sa longue expérience riche de multitudes de situations différentes, il était toujours de bon conseil et savait l’aiguiller de manière à trouver des solutions rapides et efficaces. Mais aujourd’hui, elle détestait qu’il assiste à cette scène. Elle prit une profonde inspiration pour calmer la colère qu’elle savait être par nature non productive en telle situation et reprit, la voix plus posée :

-       Nous ne savons donc pas qui a la carte d’accès du Cartel désormais ?

-       Non Commandanté, confirma penaud le général Mayer pour l’ensemble des généraux.

-       Quelqu’un dans la Ceinture dispose donc d’un accès direct à la Ceinture du Sunset et, d’une part, nous ne connaissons pas ses motivations et, d’autre part, la Transcédérale ne pourra pas nous revendre cet accès qui nous aurait pourtant permis d’avoir un œil sur la Citadelle, comme l’avait exigé le Pontife.

-       C’est exact, ce sont les faits, répondit le général Zon.

Elle s’accorda le temps de la réflexion et analysa une fois de plus la projection holographique de la Ceinture sur le mur de la salle de réunion.

-       Laissez-moi vous dire que c’est un véritable gâchis et que cela coûte une fortune à la Royauté. Nous avons perdu presque un an à négocier avec la Transcédérale pour qu’elle accède à notre demande. Vous n’imaginez pas les efforts qui ont dus être fournis par la Royauté et la Fédération pour que cette opération puisse avoir lieu et que le Négociateur de la Transcédérale organise l’échange avec le Vendeur du Cartel à notre place, en cachant bien entendu que nous étions le commanditaire.

-       Nous savons, Commandanté, affirma Mayer qui se sentait particulièrement concerné par l’échec, l’échange ayant eu lieu dans la partie de la Ceinture dont il était responsable. Si vous souhaitez ma démission…

-       Ne soyez pas stupide, Mayer, ce n’est pas en supprimant un de mes meilleurs éléments que je vais régler la situation. Ce que je ne comprends pas en revanche, c’est pourquoi nous n’avons pas sécurisé la zone avant l’opération.

-       Je souhaitais le faire, argumenta le général, mais le Cartel était en surveillance permanente du hangar depuis quinze jours. Les agents de la Fédération n’étaient donc pas les bienvenus. Notre présence sur les lieux aurait d’ailleurs éveillé leur curiosité. Les deux heures de battement avant l’échange n’étaient connues que d’eux et je n’ai pas eu le temps d’installer mes agents après l’obtention de l’information. Les délais étaient trop courts. Ce n’est qu’une fois l’opération lancée que j’ai pu sécuriser la sortie pour qu’ils ne soient pas dérangés.

-       Donc quelqu’un savait et était là à l’intérieur avant l’échange ?

-       Oui, Commandanté.

-       Comment ont-ils pu savoir qu’un tel échange allait avoir lieu ?

-       Je ne sais pas, Commandanté, avoua t-il.

Pour la première fois depuis le début de cette réunion de crise, Imbrago se racla la gorge, signalant ainsi qu’il allait intervenir, ce qui était très rare devant les généraux. Il gardait ce privilège pour la Commandanté Ilina Vasia, sa petite protégée et, à l’occasion, sa maîtresse dans les dernières années, malgré leur grande différence d’âge. Chacun se tut et Ilina Vasia s’installa dans son fauteuil en bout de table, dans l’attente des commentaires de l’ancien Commandanté, dont elle était obligée de reconnaître la justesse et la précision.

-       Le « comment » n’a plus aucun intérêt aujourd’hui. Cela a eu lieu il y a déjà plus d’une heure et ils doivent être bien loin. Nous devons aller de l’avant et comprendre surtout quelles sont leurs motivations et à qui nous avons à faire.

-       La Mission Saint Eden ? proposa le général Degar qui avait une haine profonde de tout ce qui touchait de prés ou de loin le religieux.

-       C’est possible, d’autant qu’ils étaient directement concernés, confirma Zon. Peut-être ont-ils appris nos projets et ont-ils souhaité protéger leurs accès ?

-       Ce qui signifierait qu’il y a une taupe parmi nos capitaines, souligna Imbrago. Et ça, ça serait un réel problème… Ca pourrait remettre en cause une bonne partie de nos possibilités futures. La Mission Saint Eden aurait ainsi toujours une longueur d’avance sur nous. Je ne pense vraiment pas que cela satisferait le Pontife.

-       Je trouve la supposition peu probable, affirma la Commandanté en se frottant les tempes. Agir ainsi n’est pas dans leurs habitudes et confirmerait trop explicitement non seulement qu’ils ont quelque chose à cacher mais aussi qu’ils entrent en guerre ouverte avec la Fédération et la Royauté.

-       Certes, ça ne serait pas dans leur intérêt, confirma Imbrago.

-       Alors qui ? questionna t’elle.

La question resta en suspens dans le silence de la salle de réunion. C’était le seul endroit réellement sécurisé des locaux de la Fédération. Toutes les actions présentes et futures secrètes ou engageant la Royauté y étaient débattues uniquement entre les généraux et la Commandanté. Ilina Vasia était consciente qu’elle devait prendre rapidement des décisions.

-       Voilà ce que nous allons faire : déjà, Zon, vous vous occuperez de mener une enquête externe pour apprendre qui aurait intérêt à avoir un accès direct à la Ceinture du Sunset. Consultez la Sphère Universelle, les indics, toutes les sources possibles pour savoir ce qui se passe dans la Ceinture en ce moment. Tant au niveau de la Cour, des notables que du peuple. Je veux tout savoir et n’éliminer aucune piste quelle qu’elle soit.

-       Bien, Commandanté.

-       Général Mayer, je vous charge de trouver l’éventuelle taupe en interne. Mandatez vos plus proches collaborateurs, si vous êtes sûrs d’eux et déployez un réseau d’espionnage pour trouver où et quand est sorti le renseignement. Peut-être un des agents a des problèmes financiers, des dettes, une maîtresse ou un amant dépensier ; bref, peu importe, mais un levier qui l’aurait motivé à vendre ponctuellement une information.

-       Ce sera fait, Commandanté.

-       Je vous laisse quinze jours à chacun. Bien entendu, cela ne vous désengage pas de la surveillance habituelle de vos secteurs de la Ceinture.

-       Général Degar ?

-       Commandanté ?

-       Je veux que vous évaluiez la possibilité opérationnelle et financière de changer tous les codes d’accès à la Ceinture du Sunset. Si cela était payé par la Royauté, quels coûts seraient engendrés et quels délais ? Vous avez trois jours pour me donner votre rapport.

Elle se tourna vers Imbrago :

-       Commandant, d’autres suggestions ?

-       Tout cela me semble parfait, Commandanté, je n’ai rien d’autre à vous proposer pour le moment. De mon côté, je vais contacter mes anciens amis qui résident encore au Sunset, afin de savoir s’ils auraient eu vent de quelconques motivations. Enfin, ceux qui sont encore en vie, ricana t-il.

-       Je vous en remercie. La réunion est terminée, je reste à votre disposition sur le réseau interne si urgence.

Les trois généraux et Imbrago quittèrent la salle de réunion et laissèrent la Commandanté seule. Elle savait que le lendemain matin, dans quelques heures à peine, elle allait devoir rendre compte au Pontife de ce qui s’était passé et des actions correctives qu’elle avait mises en place. Usar VII n’allait pas être très heureux de la situation et c’était un doux euphémisme. Cet échec remettait en cause ses projets de surveillance de la Citadelle.

Elle espérait que la deuxième opération que la Fédération avait planifiée cette nuit allait être, au moins, une réussite.

 

 

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