L'EPISCOPE - Partie 1 - Chap 2 d

-       Chouette appart dis donc ! commenta Kardela en pénétrant dans le vaste duplex de Sieur Fibrey, suivi de prés par Merin.

-       Oui je ne me plains pas, j’ai une bonne situation, expliqua le cadre directeur de la Transcédérale, ravi que son home ait fait l’effet escompté.

-       Et tu bosses dans quoi, demanda Merin sans y prêter vraiment attention.

-       Je travaille à la Transcédérale, annonça t-il en se redressant.

-       Waouh !!!! explosa la jeune femme, faussement admirative et surprise. Dis donc, excitant, beau et riche, tu as tout pour toi…

-       Ça c’est vrai, ajouta Merin en caressant nonchalamment le cou d’Hurst en passant prés de lui, réactivant une dose de pré asservissement sexuel.

Le pouvoir – non, le fait d’avoir du pouvoir – avait toujours fait monter le taux d’hormones d’Hurst, mais ce soir c’était différent. Il n’avait jamais ressenti cela à un tel niveau. Il se sentait dans une forme olympique, avec des désirs sexuels puissants, et il espérait que ces deux là n’étaient pas un feu de paille et qu’ils allaient assumer l’excitation qu’ils avaient provoqués chez lui. Il ne s’en inquiéta pas longtemps car à l’instant où il se posait la question, Kardela lui demanda avec un air plus que suggestif dans sa petite robe moulante noire :

-       La chambre se trouve où ?

-       Suis moi. Enfin… se reprit-il en faisant un clin d’œil un peu vulgaire, suivez-moi.

La chambre était à l’avenant du reste de l’appartement. Luxueuse et décorée avec beaucoup de moyens financiers. On pouvait sentir les sensos à plein nez même sans être très perspicace. Mais le Frère et la Sœur de la Miséricorde n’étaient pas là pour ça, il était presque deux heures et il était temps de passer aux choses sérieuses. Par son canal tekbio, Frère Merin informa la sœur qu’il la laissait commencer et qu’il les rejoindrait après, historie de faire monter la pression. Il escomptait qu’à ce moment-là ils pourraient alors retirer un maximum d’informations. La jeune femme laissa sa robe choir sur le sol et resta devant le lit sous les yeux plissés de désir de Sieur Hurst Fibrey qui arborait une toge bien distendue. Merin s’installa dans le fauteuil devant le lit avec un regard complice à Hurst et regarda la scène avec un intérêt feint.

Ce genre de spectacle l’ennuyait à mourir, cela faisait des années qu’il n’avait plus de plaisir sexuel, ayant pratiquement tout pratiqué pendant les cinq dernières années en tant que disciple de La Mission Saint Eden. Chaque Frère et Sœur de la Miséricorde était secrètement formé à l’asservissement sexuel sous toutes ses formes dès qu’il devenait disciple de cet ordre. Ils savaient quels étaient les zones du corps sensibles, quels points titiller, comment faire jouir un ou une partenaire jusqu’à ce qu’il soit à leur merci et que toute question trouve réponse, jusqu’à ce qu’il oublie même qu’on l’ait questionné et les réponses qu’il avait fournies. Il ne se rappellera que de la prestation sexuelle comme la meilleure partie de jambes en l’air qu’il n’ait jamais vécu.

Kardela était déjà au travail en phase deux de l’extase et leur cible semblait être très réceptive…

Ça n’était pas la première fois qu’il travaillait avec Kardela et il la respectait, tout comme il savait qu’elle respectait non seulement son engagement mais surtout sa foi en Saint Eden, voire sa dévotion. La sœur passa rapidement en phase trois et attaqua une fellation qui fit gémir le cadre directeur, allongé sur le lit, se laissant bercer par les vagues de plaisir.

« Bon, au boulot » se dit Frère Merin.

Il se déshabilla à son tour et s’approcha des deux corps qui transpiraient. Bien entendu, il savait que Kardela activait sa transpiration au rythme de son partenaire pour rester en osmose avec lui et le laisser croire ainsi qu’elle jouissait autant que lui de la situation. Mais il n’en était rien.

Elle était mentalement fixée sur la phase six, la phase de l’Extase et l’obtention des informations qui intéressait Monseigneur. Il lui transféra sur le réseau interne de la Sphère Universelle qu’il approchait et elle le laissa continuer la fellation et s’assit sur le visage de Hurst. Merin connaissait la technique de Kardela et s’appliqua à pratiquer exactement la même afin de ne pas couper les sensations de leur cible. Le secret était dans la continuité et l’ajout de perceptions. Le Sieur Fibrey, dans un instant de lucidité se rendit compte qu’il continuait à jouir d’une fellation comme il n’avait jamais eu et que pourtant la jeune femme était désormais assise sur son visage. Cela le fit durcir un peu plus.

-       Phase 4, signala Kardela sur le réseau.

-       Oui, j’ai senti, lui répondit Frère Merin avec une certaine autosatisfaction de professionnel qui fit sourire la Sœur.

-       Trente secondes avant phase cinq, on fait ça en symbiose.

-       Ça marche, confirma Merin.

Au moment prévu, elle glissa sur le ventre d’Hurst jusqu’à se laisser pénétrer par son sexe que dirigeait habilement le Frère. Dés qu’elle le sentit à l’intérieur de son corps, faisant gémir le Sieur et simulant à son tour une jouissance exquise mais sans vulgarité, Frère Merin activa sa propre érection comme il allait désormais être entièrement visible par la cible et remonta de côté jusqu’à embrasser Hurst Fibrey à pleine bouche. Le baiser viril après la douceur du sexe féminin fit tout de suite passer comme prévu Hurst en phase cinq.

Les trois gémissaient comme des bêtes, mais un seul y trouvait réellement du plaisir.

Kardela laissa à Hurst Fibrey plusieurs minutes avec différentes positions pour qu’il savoure bien la phase en cours, et lorsqu’elle s’aperçut qu’il s’était bien accroché aux baisers langoureux et sauvages de Merin, elle prépara l’accès à la phase six, la seule qui l’intéressait vraiment. Elle se pencha sur lui et prit la relève de sa bouche. La nouvelle douceur de cette bouche fut agréable pour le cadre supérieur de la Transcédérale mais la virilité du jeune homme lui manqua soudain, un manque profond dû à l’asservissement pratiquement complet. Il pénétrait avec force la jeune femme en lui apportant manifestement un plaisir équivalent au sien, il sentit avec surprise mais soulagement que Merin en faisait de même avec lui. Au niveau où il était, il se fichait de tout du moment que ça ne s’arrête pas, il aurait donné sa vie pour que ce moment dure toujours. Son corps à la fois preneur et pris n’était plus que plaisir. Les vagues envahissaient et brouillaient son cerveau. Il n’y avait plus que ce plaisir qui montait toujours et encore comme si c’était sans fin.

-       C’est bon, on y est, transféra le Frère de la Miséricorde.

-       Je sais. Il était temps, j’en ai marre là.

-       A qui le dis-tu !

Elle passa sa langue sur les lèvres ouvertes de la cible et commença le pré interrogatoire de vérification.

-       Y a-t-il un rendez-vous spécial ce soir lié à la Transcédérale.

-       Ouiiii, clama Hurst sans même s’en rendre compte.

-       Avec qui ?

-       Avec le Cartel.

-       Et pour quoi ?

-       Pour acheter une carte d’accès à la Ceinture du Sunset.

-       Combien ? demanda t-elle pour finir la vérification initiale des informations, première phase de tout questionnaire d’asservissement, afin de s’assurer que la cible était opérationnelle.

-       12 millions de sensos…

Les informations formulées étant correctes, elle passa au questionnaire proprement dit, activant ses tekbios d’enregistrement pour rapporter avec exactitude les renseignements obtenus à Monseigneur Saul. Elle sentit que Merin mettait également les siens en route. Tout en réalisant ces tâches, ni l’un ni l’autre ne cessait d’être concentré dans l’acte sexuel, sachant pertinemment que toute insatisfaction, même de quelques secondes, décrocherait la cible de la phase six.

-       Pourquoi la Transcédérale veut acquérir cette carte ?

-       Hummmmm, non, je ne peux pas….. gémit le Sieur.

Elle se reconnecta sur le réseau avec Merin :

-       Monte en force, il a un inhibiteur d’informations.

-       Okay, j’optimise.

Le sexe du Frère se gonfla encore plus, pour le plus grand plaisir du Sieur qui en même temps sentait le sexe de la jeune femme devenir encore plus onctueux.

-       Pourquoi la Transcédérale veut acquérir cette carte ?

-       Pour pouvoir avoir accès à la Citadelle.

-       Quelle citadelle ?

-       La citadelle de La Mission Saint Eden.

-       Pourquoi ?

Il fallait qu’elle se dépêche car elle n’allait pas pouvoir retarder encore beaucoup sa jouissance.

-       La Citadelle… La Citadelle haleta t-il, devient une véritable forteresse imprenable et que même la Fédération ne sait pas ce qui s’y passe. Une carte d’accès leur permettra d’envoyer des agents en cas de conflit en passant par la Ceinture du Sunset et donc l’enceinte Est de la Citadelle.

Elle ferma l’enregistrement et activa la jouissance de la cible. Elle sentit qu’il l’inondait et ses agents de non contamination devinrent opérationnels, éliminant au fur et à mesure le sperme qui s’écoulait. La jouissance fut longue et bruyante jusqu’à ce qu’enfin, il passa en phase sept et s’évanouit. Elle se retrouva avec son corps tout mou sous elle et la Sœur de la Miséricorde se releva.

-       On a tout ce qu’il nous fallait.

-       Il est urgent de voir Monseigneur, cette information est inquiétante si la Fédération a des doutes sur La Mission, ajouta Frère Merin ayant lui aussi activé l’antimicrobation.

Ils prirent le temps, chacun de leur côté, de se rhabiller sans échanger un mot. A quoi bon, leur mission était désormais un succès et seul importait à chacun de rapporter au plus vite les renseignements obtenus à la Matriarche Zatucchi et à Monseigneur Saul.

Avec l’habitude des professionnels, et appliquant méthodiquement ce qu’ils avaient appris lors de leur longue formation de frères et sœurs de la Miséricorde au sein de la Citadelle, ils effectuèrent un scan minutieux des différentes pièces dans lesquelles ils s’étaient trouvés et essuyèrent les éventuelles empreintes qu’ils avaient laissées.  Ils ne prirent même pas le temps de faire le tour du propriétaire, cela n’avait aucun intérêt et un disciple de La Mission Saint Eden ne convoitait pas les richesses personnelles, cela lui semblait vil et irrespectueux envers l’ordre. Seul l’élévation de l’âme vers l’Episcope était importante. Ils quittèrent l’appartement, laissant la cible paisible et souriante sur son lit, les bras en croix.